Geneviève Couture
Certificat en gestion de l'information numérique (2006)
Archiviste, Projet des archives du premier ministre - Bibliothèque et Archives Canada
Portrait réalisé en 2020, grâce à la collaboration du Réseau des diplômés et des donateurs de l’Université de Montréal
La passion pour l’histoire, la politique et les archives
Geneviève Couture a eu la piqûre pour l’histoire lors de son passage au cégep. « J’y suis arrivée durant une période historique mouvementée, en 1995, soit peu de temps après le génocide rwandais et la guerre d’ex-Yougoslavie. J’ai commencé mon parcours en sciences de la santé, avant de changer de programme pour me destiner aux sciences humaines. »
Une maîtrise en histoire de l’Université de Montréal en poche, elle réalise qu’elle ne se destinerait pas à l’enseignement ou à la recherche. « J’ai trouvé la recherche hyper intéressante, mais ce n’était pas mon aptitude. J’ai donc décidé de ne pas poursuivre au doctorat ». Après cette décision, Geneviève se lance sur le marché du travail et décroche un poste de recherchiste au sein du Bloc Québécois en 2003. « Un travail excitant, mais fatiguant! », décrit-elle.
Le retour aux études
Après son départ du Bloc Québécois, Geneviève cherche un nouveau domaine ou un type de poste qui pourrait faire appel à ses compétences en histoire. « Je m’intéressais aux archives historiques, mais je voyais mal comment accéder à ces postes. Après de longues recherches, j’ai trouvé le certificat en gestion de l’information numérique (GIN) et j’ai décidé de m’y lancer. »
Geneviève découvre, durant cette année qu’elle qualifie d’extraordinaire, un tout nouveau pan connexe, mais bien différent de l’histoire. « Les cours étaient concrets, liés à des enjeux de notre époque. C’était très stimulant. »
Après son certificat, elle prend une chance et soumet sa candidature pour un emploi comme archiviste au gouvernement du Canada. Elle est choisie pour le poste et déménage à Gatineau, où elle vit depuis.
« En tant qu’historienne, je consultais de nombreuses archives, mais je n’avais aucune idée de tout le travail derrière le simple fait de consulter un document. Je vis maintenant l’autre côté du miroir. »
Les fonds d’archives des plus grands
De façon générale, à Bibliothèques et Archives Canada, on retrouve deux grandes fonctions au niveau des archives. D’un côté se trouvent des archivistes dédiés à recevoir les documents créés par les différents ministères, ce qui relève de la gestion de l’information. De l’autre côté, on trouve les personnes qui travaillent aux archives privées, soit les archives d’individus, d’organisations ou de compagnies. C’est ce que fait Geneviève Couture, qui a eu la chance de travailler sur de nombreux fonds privés, notamment sur ceux des anciens premiers ministres Paul Martin, Brian Mulroney et Joe Clark.
« Les fonds des politiciens sont des documents que la personne a reçus, conservés ou créés au courant de sa carrière. Au-delà de la correspondance, des notes d’information et de documents visant à gérer l’État, cela peut comprendre des photos d’enfance, des bulletins, des lettres d’amour, bref, des documents parfois très personnels. Pour une passionnée de politique comme moi, c'est fascinant de me plonger dans la façon dont certaines décisions qui nous affectent tous au quotidien ont été prises, mais aussi de découvrir qui sont les personnes derrière la fonction officielle de premier ministre et de ministre. C'est un grand privilège. »
Travailler pour assurer une continuité
Présentement, Geneviève Couture travaille pour le fonds d’archives de l’ancien premier ministre Stephen Harper. Spécifiquement, elle travaille sur la collection de photographies prises entre 2005 et 2015. L’enjeu se trouve au niveau technique. Comment rendre consultable des photos numériques à très long terme? « Ce n’est pas nécessairement simple. Je n’ai qu’à penser à mon mémoire de maîtrise, qui a été écrit sur un ordinateur Mac en 2003 et que je ne peux plus ouvrir dans sa version originale. Comment s’assurer de rendre disponible des documents numériques dans les 200 prochaines années? » Ces préoccupations liées à la technologie sont réelles et le certificat en gestion de l’information numérique a équipé Geneviève de connaissances et des stratégies qu’elle applique au quotidien.
Les fonds d’archives privés des politiciens ne sont pas les seuls fonds qu’on retrouve à Bibliothèques et Archives Canada. Il existe des fonds d’archives d’artistes, de journalistes, de scientifiques, des fonds d’histoire autochtones, etc. « Beaucoup de gens s’intéressent aussi à la généalogie et aux archives militaires. Nous fournissons des services aux vétérans, entre autres, car toutes sortes de raisons poussent des gens à vouloir consulter des archives. »
Un conseil pour les étudiants?
Bien que ce ne soit pas toujours simple, Geneviève Couture conseille aux étudiants de trouver un domaine qui les passionne réellement et de s’y lancer sans hésitation.
« Je me trouve extrêmement chanceuse de travailler dans mon domaine. Je travaille avec des gens allumés et inspirés, en phase avec la technologie. On est loin du mythe de l’archiviste travaillant dans la poussière dans un sous-sol! Tous les jours, l’actualité influence mon travail et ça, c’est stimulant. »
Crédits photographiques : David Knox