L’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information de l’Université de Montréal, qui a pour mission de former des bibliothécaires, des archivistes et d’autres professionnels et professionnelles à la gestion de l'information consignée et des connaissances, a appris avec stupeur et indignation la décision de la Compagnie de Saint-Sulpice de fermer l’accès à ses archives et à ses autres biens qui formaient l’Univers culturel de Saint-Sulpice. Cette fermeture s’accompagne du congédiement du personnel hautement spécialisé affecté à la conservation, à la valorisation et à l’accessibilité de ces collections. De plus, la mise à pied des spécialistes des archives et des autres biens culturels avec interdiction pour ceux-ci de réagir à leur congédiement est indigne de Saint-Sulpice et s’apparente à une décision d’une entreprise privée d’autrefois.
Les archives sulpiciennes qui sont concernées au premier chef dans la décision des autorités de Saint-Sulpice comptent parmi les archives les plus riches et les plus anciennes du Canada. Elles sont liées à l’origine de la ville de Montréal avec l’arrivée des Sulpiciens en 1657. Curés de Montréal jusqu’en 1867, propriétaires de quelques seigneuries (Montréal, Deux-Montagnes, Saint-Sulpice) jusqu’à l’abolition du régime seigneurial en 1854, grands propriétaires fonciers, intéressés à l’éducation et à la culture (Collège de Montréal, Grand Séminaire, Collège André-Grasset, Université Laval de Montréal devenue l’Université de Montréal, Œuvre des bons livres, Cabinet de lecture paroissial, Bibliothèque Saint-Sulpice), les Sulpiciens ont été longtemps une puissance dans la ville de Montréal et ils y ont laissé leurs marques.
La conservation des archives et leur accessibilité aux chercheurs et chercheuses sont d’une importance capitale. Il s’agit de maintenir la gestion et l’accès de ces collections par du personnel compétent.
Compte tenu de sa mission, l'École de bibliothéconomie et des sciences de l'information se joint à l’Association des archivistes du Québec, au Regroupement des archivistes religieux, au Réseau des services d'archives du Québec, à la communauté historienne, archiviste, muséale et littéraire et aux autres signataires ayant manifesté leur indignation face au licenciement du personnel de la corporation Univers culturel de Saint-Sulpice. L’EBSI demande donc aux autorités gouvernementales, tant au plan provincial que municipal et national, d’entreprendre les actions nécessaires afin d’assurer la préservation et la mise en valeur de ce patrimoine documentaire des plus précieux.
Tout patrimoine documentaire, aussi précieux soit-il, restera lettre morte sans les compétences et le dévouement de professionnels et professionnelles de l’information.